Un journal indien par Corinne Caratti, une invitation à partager un voyage merveilleux au pays de la lumière, où rien n'est jamais vraiment ce que l'on croit, et pourtant tout semble bien réel.

Derniers jours

Delhi - Mumbai

NAGUMOMO 

Vendredi 1 5 juin au matin. Trop fatiguée pour quitter ma chambre,
je pousse la climatisation à la puissance maximale et je prends le petit-déjeuner sur mon lit, au milieu des étoffes colorées, des petites fioles d'eau prélevée dans les mers et les rivières, des sachets de sables et de terre, des coquillages et des bois flottés, des cailloux pailletés et autres fragments de mon inoubliable périple. Je plonge dans une douce contemplation qui m'emporte vers les contrées fabuleuses du Sud, vaste jardin d’Éden exubérant et fascinant. Je
marche le long des ghâts de la ville mille fois millénaire et peut-être même plus encore... Puis ma tête chavire parmi les sommets des montagnes vertigineuses et sacrées... Là-haut, si loin du monde, et pourtant si proche de son essence... Ma tête, autant que mes sacs, déborde de souvenirs, d'inspiration, de dévotion, de lumière et de gratitude. J'en ai les larmes aux yeux, et le coeur au bord des lèvres. Cependant, il faut continuer à avancer et, comme une rivière, cheminer sans jamais s'arrêter.
Il est temps de croire et de poursuivre ma route. Aujourd'hui ici, demain ailleurs. Je viens de vivre une profonde transformation, comme une initiation en plusieurs étapes. J'en suis encore toute ébranlée et il va me falloir du temps pour assimiler tout ce processus. J'ai fait face à mes démons et me suis débarrassée de quelques-unes de mes peurs... Maintenant il va falloir consolider tout cela. La vie est une histoire qui nous conduit chaque jour un peu plus, vers la réalisation de nous-mêmes. Je me sens maintenant un peu plus proche mais je suis aussi consciente que le chemin à parcourir est encore long.

Gare de New Delhi, autour de seize heures, à bord du Radjhani Express 2952 en direction de Mumbai. Un cercle complet est sur le point de se refermer. Retour à l'endroit où j'ai commencé ma longue odyssée... J'ai l'impression de flotter hors de mon corps. Si seulement il pouvait rentrer tout seul...



 
Ô Inde !
Prélude de mon essence,
Source de mon âme,
Réceptacle de mon cœur.
Si belle,
Si enchanteresse,
Si fabuleuse.
J'ai l'impression d'être à nouveau obligée
De quitter le doux confort
De la matrice originelle.
À la fois impatiente et inquiète.
Ô Inde !
Tes regards hypnotiques,
Tes sourires envoûtants,
Tes couleurs vibrantes,
Tes parfums ensorcelants,
La candeur de tes jours,
La chaleur de tes nuits.
Ô Inde !
Les mots de Blaise Cendrars reviennent
Murmurer leur mélodie douce-amère,
« Quand tu aimes, il faut partir. »
Et moi je pèse à peine cinquante kilos...
Remplie de toi.





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