Un journal indien par Corinne Caratti, une invitation à partager un voyage merveilleux au pays de la lumière, où rien n'est jamais vraiment ce que l'on croit, et pourtant tout semble bien réel.

Chapitre I

Mumbai & Goa





Sarvesham Svastir Bhavatu 

  Je quitte le sol de Londres par une aube glaciale, le 11 janvier 2001... Neuf heures plus tard, l’avion amorce lentement sa descente et mon ventre se serre. Mes jambes s'engourdissent. Je suis bien calée dans mon fauteuil. Ma ceinture est bouclée. Mes pensées se bousculent. Mes mains s’humidifient. Mon coeur s’emballe. Les roues de l'avion sont sur le point d'entrer en contact avec l'asphalte tiède de la piste d'atterrissage. Je vais bientôt toucher la terre de l’Inde.  

La chaleur s’engouffre ardemment dans la cabine, m’enveloppe, me fige. Jusque-là, tout va bien. Je ferme les yeux et murmure une petite prière.
Merci de m’avoir amenée jusqu’ici et de guider mes pas sur la route qui les attend.
Je ne sais pas vraiment à qui ces mots sont destinés mais cela importe peu. Ils existent indépendamment de leur destinataire. Ils résonnent en moi, puis s'envolent rejoindre Dieu sait qui. J'ouvre les yeux lorsque ma
compagne de voyage me tape sur l'épaule. L'avion se vide, je me lève, j'attrape mes bagages à main et suis le flot des passagers vers le comptoir de douane. L'attente est longue mais paisible. Il fait de toute façon bien trop chaud pour s'agiter.

Nos passeports tamponnés, nous récupérons bientôt nos sacs de voyage trop lourds, changeons assez de traveller’s chèques pour nous permettre de passer nos premiers jours en toute quiétude et marchons jusqu'à la file d'attente des taxis. Une voiture s'arrête bientôt devant nous. Un homme d'âge moyen, pas très grand, sort avec un large sourire.
Il ouvre le coffre et installe nos affaires pendant que Sylvia, Max et Gigi s’engouffrent à l’arrière de la voiture. Max indique au chauffeur un nom et une adresse d’hôtel et s'entend bientôt répondre qu'à cette heure avancée de la nuit, il est presque trois heures du matin, il n'y aura sans doute plus de place disponible ; cependant le chauffeur accepte de nous y conduire et promet, le cas échéant, de nous trouver une chambre. Il nous annonce que son compteur est cassé ; nous devons donc discuter du prix à payer. Nous finissons par tomber d’accord et le taxi démarre. À l’intérieur
de la voiture, l’air conditionné se met alors lui aussi en marche. Il
est furieusement glacial. J’ouvre un peu ma vitre pour éviter de me transformer en glaçon et j'observe le paysage qui défile...
Les abords de Mumbai ressemblent à un vaste bidonville, composé
d'une multitude de cabanes en tôle et en carton adossées les unes aux autres et dont les occupants, allongés sur des sommiers ou des matelas de fortune à même le trottoir, dorment profondément. Des hommes, des femmes, des enfants, des vieillards, des chiens... Tout est si calme, si tranquille. Comment parviennent-ils à trouver le sommeil aussi près d'une autoroute chargée de circulation ? La ville est assoupie sous un rideau de brouillard rose, comme protégée par un voile de mystère.
L’hôtel que nous avions repéré dans notre guide de voyage affiche complet, comme celui d'à côté et comme quelques autres. Nous finissons par trouver une pension douteuse qui propose de nous louer sa dernière chambre libre, avec un grand lit et un plus petit. Le gardien de nuit s'empresse d'aller chercher un matelas qu'il dépose sur le sol pour que nous puissions tous nous entasser dans cette pièce. La fatigue a raison de la promiscuité et nous nous résignons à passer la nuit dans ce bouge.


Le Maria Lodge, Colaba, vendredi 12 janvier, 5h30. Trop épuisée pour dormir, je fixe les lents mouvements circulaires du ventilateur suspendu au plafond, impatiente que le soleil se lève. Je finis par m'endormir profondément, presque malgré moi.
Lorsque la lumière éblouissante du soleil s’écrase sur mes paupières
quelques petites heures plus tard, j’aimerais fermer les volets pour prolonger mon sommeil. Il fait chaud, mes vêtements me collent à la peau.

(...)







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