Un journal indien par Corinne Caratti, une invitation à partager un voyage merveilleux au pays de la lumière, où rien n'est jamais vraiment ce que l'on croit, et pourtant tout semble bien réel.

Chapitre VI

Ernaculam et Fort Kochi

 
LA PRIèRE DE L'ABSENT


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 Jeudi 15 mars, 8h22. Réveil laborieux. J'ouvre les persiennes pour laisser entrer la lumière du jour. J'aperçois un homme au corps trapu et athlétique, vêtu d'un dhoti à carreaux bleus et verts recouvrant à peine ses hanches et d'un turban autour de la tête. Il s'approche d'un énorme tas de noix de coco avec une large machette dans la main droite. À moitié éveillée, à moitié endormie, je le fixe du regard sans qu'il semble me remarquer. Il s’attelle bientôt à la tâche de briser les fruits avec sa lame, pour séparer la chair blanche de son enveloppe.Après le petit-déjeuner, Jo, Max, Gigi et moi quittons Ernakulam pour Fort Kochi. Plutôt que de prendre le bus, nous allons faire une petite croisière d'une vingtaine de minutes à bord d’une embarcation légère au départ de la Main Jetty.
20h15, chambre 4 à l'Hôtel Élite. Allongée sur un grand lit, sous un
ventilateur lent, dans une chambre aux murs roses. Nous sommes arrivés aux alentours de midi, après un voyage court mais extrêmement pénible à cause de la faiblesse et de la tension de Max, qui poursuit son jeûne malgré l'absence de résultats probants. À cause aussi de la fragilité de Jo, toujours malade. Bref, l'ambiance générale au sein de notre expédition était chaotique et la recherche d'une chambre s'est avérée compliquée du fait des exigences de chacun.

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 Vendredi 16 mars, 22h53. Confession à la lueur d'une bougie. Je viens de passer une journée merveilleusement enrichissante. Dans les petits bookshops spécialisés en ouvrages ésotériques et philosophiques, j'ai cherché des indices sur les connexions susceptibles d’exister entre le monde des vivants et l'autre, celui des esprits. J'ai déjeuné dans un charmant petit restaurant-galerie d'art et j'ai essayé de trouver un sens aux expériences étranges qui m'arrivent de plus en plus fréquemment au cours de mes pérégrinations ou lors de mes discussions, avec les cheena vala, ou filets de pêche chinois, en toile de fond.
1h30. Je ne parviens pas à dormir. Alors je commence à feuilleter les quelques livres que j'ai achetés aujourd'hui, dont un en particulier, Gods & Goddesses of India par Anjula Bedi, qui contient de très belles illustrations sur les principaux dieux et déesses du panthéon Indien : Brahma le Créateur, Sarasvati la déesse de la Connaissance et des Arts, Ganesh le dieu à la tête d'éléphant et au corps humain, dieu des Commencements, le premier à être honoré lors de tout rituel ou de toute cérémonie, il est aussi celui qui lève les obstacles des illusions et de l'ignorance... J'ai le vertige, l'air est extrêmement chaud et collant. Le ventilateur est arrêté, la fenêtre ouverte, un agarbathi brûle... Le silence est immense, presque extatique.

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