Un journal indien par Corinne Caratti, une invitation à partager un voyage merveilleux au pays de la lumière, où rien n'est jamais vraiment ce que l'on croit, et pourtant tout semble bien réel.

Chapitre IX

 Pondicherry


WHEN SHE BELIEVES

Lundi 9 avril, 7h17, Hôtel New Palace. Une cigarette et un chai
dans une nouvelle chambre, au décor spartiate. Perplexe après un curieux voyage. J'ai quitté Rameshwaram physiquement épuisée. Lorsque la nuit est venue et que mes compagnons de compartiment ont commencé à s'installer sur leurs couchettes respectives, je me suis assurée que mes bagages ne dérangeraient personne et seraient en sécurité, puis je me suis allongée sur la banquette la plus haute, juste sous le toit du train. Bercée par les mouvements et les bruits répétitifs des wagons sur les rails, je me suis rapidement et profondément endormie. J'ai brusquement ouvert les yeux alors que le train était immobile. Autour de moi, tout était silencieux, inerte, assoupi. Combien de temps avais-je dormi ? Où nous trouvions nous ? Étais-je arrivée à destination ? Je suis parvenue à me glisser jusqu'au sol sans faire trop de bruit, puis je me suis dirigée, engourdie et sans doute ébouriffée, vers l'accès à la plate-forme le plus proche. Du regard, j'ai cherché un panneau ou une personne qui pourrait me renseigner. Seul un coolie, vêtu d'un longhi autour des hanches et d'un turban autour de la tête, marchait le long du quai et arriva bientôt à ma hauteur.
— Pondichéry ?
— Pondichéry.
— Oui ... C'est ici ? 
 — Come ! Quick !
— ? ... OK.
Sans vraiment réfléchir, j'ai bondi à l'intérieur du wagon jusqu'à ma couchette, j'ai plié ma couverture de coton en un éclair, attrapé mes affaires et j'ai quasiment sauté du train, manquant de m'écraser de justesse sur le tarmac de la plate-forme. Le coolie m'attendait. Il a promptement récupéré mes affaires qu'il a équilibrées sur sa tête en m'indiquant de le suivre. Au même moment, le train redémarrait vers sa prochaine étape... Mes bagages avançaient à grandes enjambées au-dessus du corps trapu et athlétique du coolie alors qu'il ne cessait de me presser en même temps qu'il m'informait qu'un bus m’amènerait jusqu'à Pondichéry. Du moins c'est ce que j'ai compris au vu des quelques mots d'anglais qui ponctuaient ses explications. À bout de souffle, pas encore tout à fait réveillée, voire même totalement à côté de mes pompes, je l'ai vu s'arrêter brusquement, poser mes affaires sur le trottoir et me faire signe de m’asseoir avant de s'éloigner. Il devait être quatre ou cinq heures de matin, pourtant la rue grouillait déjà d'activités diverses, de véhicules en tous genres, de vaches sacrées qui déambulaient tranquillement... Je me suis écroulée, abasourdie, à côté de mes bagages. Avant d'avoir eu le temps de me demander pourquoi mon sauveur m'avait subitement abandonnée au milieu d'une telle confusion, je l'ai vu revenir avec un petit verre de chai fumant, qu'il m'a tendu. J'ai à peine eu le temps de porter le verre à mes lèvres que le klaxon assourdissant d'un bus bondé a beuglé dans mes oreilles. Le coolie m'a pratiquement arraché le verre des mains, je me suis retrouvée debout, empoignée, bousculée et bientôt soulevée à bord du bus. Mes sacs m'ont rejointe pendant que je sortais de ma poche la somme dérisoire que j'avais convenue de lui donner pour son aide. Les quelques billets sont passés de mains en mains jusqu'à rejoindre celles de leur destinataire alors que le bus fonçait déjà sur la route.









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